Je vois la fin de mon histoire approchée. Je vois les lignes autour de moi se déformer, se muer en de vils serpents qui souhaitent arracher mon âme. Je vois des symboles et entend des échos lointains qui me rappellent vos rires, nos sourires et toutes ces choses si attachantes que nous avons partagés. Je vois le temps qui passe, les années qui creusent encore et encore ce vide qu'a laissé votre absence.
Je vois les sévices de l'amour et de l'amitié sur mon corps.
Je dois m'y faire. Ma vie continue. Et pourtant je ne peux m'empêcher de laisser mes pensées voler vers vous. Il y a toujours cette place en mon coeur et en mon âme qui porte votre nom. Que je tente d'effacer en vain. Je ne pourrais sûrement jamais vous remplacer. J'en suis consciente, on ne peut plus consciente. Les souvenirs font toujours mal. La nostalgie est toujours mauvaise.
Je ne sens plus rien. Hormis ce vide. Ce vide qui me bouffe. Comme happée par un trou noir. Comme si toutes mes émotions disparaissaient, pour ne laisser place qu'à cette irrationelle peur qu'est l'abandon. J'ai tellement peur d'être seule... Et sans vous, je le suis. Les fantômes du passé me hanteront toujours. Ces fantômes que je chérissais tant, que je chéris encore. A vivre dans le passé, on n'obtient que des cicatrices.
Longtemps, j'ai souhaité que tout s'arrête. Longtemps j'ai souhaité que vous ré-apparaissiez. Pendant longtemps, j'ai cru que je serais capable de remonter la pente. Que tout ceci n'était qu'un effroyable cauchemar dont je finirai par sortir. Mais la vie, la réalité est toute autre. Et je ne peux que pleurer et me lamenter sur les trésors que j'ai perdu, en invoquant éternellement les derniers souvenirs qu'il me reste. Lui, vous, eux. Un enchainement de pertes, qui m'isole un peu plus des miens. Mes amis, mes amours, je les avais choisis pour être ma famille, la seule que je voulais, que je souhaitais. Avec votre absence, je n'ai plus le sentiment d'appartenir à quelque chose. Je n'ai plus le sentiment d'être lié à quelqu'un. Même par le sang. Les miens, les vrais, je n'épprouve plus rien à leurs égards. Mes frères, mon père, ma mère... Qu'est-ce au final.
La douleur grandit avec le temps. On m'avait toujours dit que le temps guérissait toutes les blessures. Maintenant je sais que c'est faux. Je sais que tout ce qu'on m'a dit à propos des plaies de mon coeur était faux. Que jamais elles ne disparaîtrons, que jamais elles ne s'en iront. Que jamais, je ne pourrais me libérer du poids étouffant de mes erreurs passées, de mes fautes commises. Maintenant je sais, je sais que jamais je ne pourrais être pardonnée, que cette rédemption que j'attend ne viendra jamais. Alors... Alors, maintenant, que faire... Pleurer ? Crier ? Parler... ? A quoi tout cela servirait. A quoi tous les mots que je peux prononcer et écrire serviraient ? A part encore et encore ressasser ma douleur et mon désespoir. A rien. Tout simplement à rien. Je dois vivre avec tout cela, avec cette solitude, ce vide qu'ont laissés mes meilleurs amis. Ce vide que tout le monde laisse derrière lui.
J'ai perdu, je perd, et je perderais. Ainsi sois-je.

Time.

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